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NomadNess

Interview de Hervé Badiel

Hervé BADIEL, socleur professionnel, travaille dans les espaces de NomadNess depuis 2016. Nous l'avons interrogé sur sa profession.

Tout d’abord pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Hervé Badiel, j’habite ici depuis bientôt 17 ans. Mon métier de socleur est à la jonction de plusieurs expériences, à commencer par la soudure que j’ai apprise dès le plus jeune âge.
Après mes études, j’ai été marchand d’art en Afrique. C’est à travers l’art africain que je me suis retrouvé en Belgique car j’étais amené à y travailler avec des collectionneurs et des marchands. J’ai finalement décidé de m’y installer. Après avoir suivi une petite formation dans la soudure pour me perfectionner, je suis devenu décorateur dans le cinéma, sur les plateaux de tournage et dans les festivals. J’ai gagné de l’expérience dans la manipulation des outils et ai développé un oeil esthétique. J’ai ensuite décidé de tout combiner dans un seul métier. J’ai remarqué qu’il y avait une forte demande pour socler les objets d’art. J’étais déjà connu dans le milieu, je savais souder et avais acquis un œil esthétique : je me suis donc entièrement consacré au soclage.

Depuis combien de temps ne faites-vous que du soclage ?

Trois ans !

"Ma devise est que le socle sert à porter un objet […] Il maintient l’œuvre en évidence et disparaît. Il brille par son absence."

Est-ce que vous avez un style précis ?

Il y a plusieurs types de soclage : je discute toujours avec le client pour comprendre ce qu’il veut et ensemble on essaie de voir comment mettre son oeuvre en évidence. Ça change à chaque fois : plus haut, plus bas, en métal, en bois, le travail est le même mais reste très changeant.
Dans le soclage, ma devise est que le socle sert à porter un objet, sans être autant présent. Il maintient l’oeuvre en évidence et disparaît. Il brille par son absence. On essaie donc d’aller dans ce sens-là. Le socle est dissocié de l’oeuvre, il la porte seulement.

Avez-vous un processus de création défini ?

Je crée en fonction de l’objet, ce sont des pièces uniques. Même si vous prenez un socle de masque et que vous l’adaptez sur un autre masque, ça ne conviendra pas. C’est du sur-mesure.
Je travaille beaucoup plus avec des hommes de métier, des antiquaires, qui ont une idée très précise de ce qu’ils veulent. Je travaille très peu avec des artistes car ils ont parfois leur idée en tête et veulent un résultat précis qui, sur le plan technique, est souvent irréalisable.

Il est plus difficile de travailler avec des artistes ?

Oui, beaucoup plus difficile. Mais ça dépend, la collaboration avec de Borchgrave s’est très bien passée par exemple. Elle a une idée de ce qu’elle veut et j’ai carte blanche après.

Est-ce que vous avez une oeuvre dont vous êtes le plus fier ou particulière pour vous ?

Je me souviens particulièrement avoir soclé d’anciens corsets de jeunes filles. Ils étaient entièrement faits de perles, quand on les prenait et qu’on les étendait, on n’en devinait pas la forme. La personne voulait que je construise une structure, exactement comme le corps d’une jeune fille, qui porterait le corset et permettrait de le mettre en valeur. Là, pour moi, c’était un véritable défi. On a fait du beau travail et c’était une grande satisfaction car cette commande était un réel challenge.

Est-ce qu’il est parfois difficile de voir les oeuvres repartir après avoir longtemps travaillé dessus ?

Non, en réalité je m’attache beaucoup plus à ma prestation. J’aime savoir que ce sont des oeuvres qui voyagent, qui vont un peu partout. Savoir que mon travail fait le tour du monde c’est quelque chose qui me rend fier.

Où est ce que l’on peut voir votre travail ?

Aux galeries du Sablon, dans la moitié d’entre elles il y a au moins une ou deux pièces que j’ai soclées.

Que représente pour vous votre espace de création ?

Un atelier de travail où je passe les trois quarts de mon temps. Quand je pars, je ferme la porte et c’est fini. C’est un lieu où y a de l’énergie, et du calme surtout.

Et bien Hervé, je vous remercie pour cet échange très enrichissant !

C’est moi qui vous remercie !

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